Oui-Oui : fille ou garçon, que disent les créateurs ?

Le silence des créateurs n’a jamais été aussi bruyant. En 1949, quand Oui-Oui débarque dans la littérature jeunesse, personne n’imagine qu’un bonnet à grelot et un prénom à répétition soulèveraient, des décennies plus tard, autant de discussions sur l’identité de genre. Pourtant, chaque adaptation, chaque doublage, chaque jouet repousse ou brouille les lignes tracées par Enid Blyton. Et au fil des générations, le mystère s’épaissit, entretenu autant par les réponses officielles que par les interprétations du public.
Plan de l'article
Oui-Oui : un personnage emblématique au parcours singulier
Difficile de ne pas reconnaître Oui-Oui au premier coup d’œil. Ce pantin minuscule, coiffé de son bonnet bleu et rouge à grelot, fait partie du décor de l’enfance. Son histoire commence sous la plume d’Enid Blyton, en 1949, et s’ancre d’abord dans le quotidien des jeunes lecteurs britanniques. Mais c’est à partir des années 1960 que le phénomène prend une dimension nouvelle en France, grâce à Jeanne Hives pour l’adaptation et à Harmsen van der Beek pour les illustrations, chez Hachette.
Le décor de Miniville s’impose vite : une bourgade bigarrée, une galerie de personnages familiers, Potiron, Finaud, Sournois, Bibi l’oiseau, où l’on croise des alliés fidèles et quelques rivaux farceurs. Le passage au dessin animé va amplifier la notoriété de Oui-Oui. Diffusés sur les chaînes françaises, les épisodes multiplient les aventures, toujours ponctuées d’une solidarité sans faille, d’embrouilles à résoudre et de règles morales très simples.
Au fil du temps, les adaptations font évoluer les codes. Les couleurs, la gestuelle, la voix : tout concourt à façonner une figure à la fois singulière et accessible à tous. Oui-Oui devient un repère dans la culture jeunesse, une présence rassurante qui traverse les décennies sans prendre une ride. Les produits dérivés, eux, colonisent les chambres d’enfants, consolidant l’emprise du petit héros sur l’imaginaire collectif. À Miniville, la diversité des compagnons de Oui-Oui finit d’installer cette souplesse identitaire qui lui permet de traverser les époques et de s’adapter à chaque génération.
Fille ou garçon : ce que révèlent les créateurs sur l’identité de Oui-Oui
À la naissance du personnage, Enid Blyton et son illustrateur Harmsen van der Beek optent pour une silhouette juvénile, sans signe distinctif marqué. Les tout premiers livres anglais laissent planer une neutralité volontaire, ni revendiquée ni dissimulée. Les textes originaux évitent soigneusement de trancher, laissant chaque lecteur libre de s’approprier Oui-Oui selon ses propres codes.
Mais dès que la saga s’exporte, notamment en France sous la houlette de Jeanne Hives, les lignes commencent à bouger. On parle alors du personnage au masculin, la voix du doublage français s’accorde à ce choix, les vêtements rappellent ceux des petits garçons de l’époque. Pourtant, aucune déclaration officielle ne vient jamais refermer le débat. Les créateurs préservent l’ambiguïté, refusant un choix définitif.
Les échanges entre les différents acteurs du projet, éditeurs, scénaristes, producteurs, montrent une volonté de garder Oui-Oui universel. L’absence de détails sur la famille ou les origines du héros participe aussi à cette stratégie : chaque enfant doit pouvoir se reconnaître dans Oui-Oui, sans barrière. Cette neutralité n’est ni négligée, ni fortuite. Elle est pensée comme un moyen d’ouvrir grand les portes de l’identification.
Les raisons d’un choix de genre ambigu dans les dessins animés pour enfants
Pourquoi tant de précautions autour du genre dans les programmes jeunesse ? Les créateurs ne laissent rien au hasard. En choisissant la neutralité, ils élargissent le public potentiel et évitent de restreindre l’imaginaire des enfants à des codes figés. Le Haut Conseil à l’Égalité le rappelle souvent : la mixité dans les représentations, que ce soit dans les albums, les jouets ou les costumes, contribue à lutter contre les stéréotypes dès l’enfance.
Dans l’animation, cet effacement des signes distinctifs, voix, tenues, prénoms, transforme le personnage en figure universelle, facilement exportable et adaptable. Oui-Oui n’échappe pas à cette logique. Sa voix, ni tout à fait féminine ni franchement masculine, son prénom sans équivalent genré, ses vêtements colorés : tout est pensé pour brouiller les repères habituels.
Voici quelques raisons concrètes qui expliquent ce choix éditorial :
- Permettre à un public très large de s’identifier au héros, sans contrainte de genre
- Simplifier l’adaptation à des contextes culturels et sociaux variés
- Répondre aux recommandations visant à une représentation plus égalitaire dans les contenus jeunesse
Dans les épisodes, la mixité et la neutralité s’affirment sans détour : pas de marqueur sexué évident, peu d’allusions aux rôles familiaux traditionnels, une liberté d’action totale. Oui-Oui devient un terrain de jeu pour l’imagination des enfants, qui s’approprient le personnage à leur manière, sans se heurter à des barrières. C’est cette plasticité, rare et précieuse, qui fait de Oui-Oui un véritable laboratoire d’expérimentation identitaire.
L’impact culturel de Oui-Oui et son évolution auprès des nouvelles générations
Depuis les années 1950, Oui-Oui s’invite dans l’univers des albums jeunesse et des dessins animés, sans jamais quitter le devant de la scène. Porté par les éditions Hachette et l’adaptation de Jeanne Hives, il s’ancre durablement dans la culture populaire française. Les enfants découvrent ses aventures à travers les livres illustrés, les séries animées, mais aussi les jouets ou les déguisements inspirés de son univers coloré.
Cette identité à part, ni vraiment fille ni clairement garçon, a permis à Oui-Oui de s’adresser à tous, sans restriction. Le Haut Conseil à l’Égalité le souligne : proposer des personnages mixtes dans les médias jeunesse, c’est ouvrir la voie à une culture plus égalitaire, plus ouverte. Oui-Oui dépasse le simple statut de héros fictif ; il devient un repère où chaque enfant, quelle que soit sa sensibilité, trouve sa place.
L’évolution sociétale se reflète aussi dans la façon dont les nouvelles générations s’emparent du personnage. Oui-Oui traverse les supports, du livre au dessin animé, du jouet au jeu vidéo, sans rien perdre de sa capacité à rassembler. Les codes changent, les attentes aussi, mais l’essence du héros demeure : une figure accessible, flexible, qui accompagne les enfants à chaque étape. Cette persistance, fruit d’une ambiguïté savamment entretenue, continue d’alimenter l’imaginaire collectif, et rien ne semble pouvoir l’arrêter.
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