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Influence de la culture sur l’éducation : Comment ça se traduit en pratique ?

Un élève bilingue peut maîtriser deux systèmes éducatifs sans que ses acquis soient toujours reconnus dans l’un ou l’autre. Plusieurs pays imposent des programmes scolaires identiques, mais adaptent l’évaluation selon les normes locales. Entre deux classes d’âge similaires, les approches pédagogiques varient, allant de l’apprentissage collectif à l’individualisation extrême. Certaines méthodes valorisées dans une région sont jugées inefficaces ailleurs, alors même qu’elles produisent des résultats comparables. L’application de standards internationaux ne garantit pas une harmonisation des attentes ou des performances. Cette diversité soulève des questions sur l’équité, l’efficacité et la légitimité des pratiques éducatives à travers le monde.

Comprendre les liens profonds entre culture et éducation

La culture s’invite au cœur même de l’architecture des systèmes éducatifs. Elle ne se contente pas d’apporter des couleurs en marge, elle façonne la structure, influence les grandes orientations et imprègne les programmes comme les méthodes d’apprentissage. Selon l’UNESCO, la culture s’étend bien au-delà du folklore ou des habitudes anciennes : elle façonne, chaque jour, le vivre-ensemble, les valeurs, les règles implicites et les croyances collectives. L’école transmet ce socle, parfois en l’explorant, parfois en le consolidant.

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Ce lien, tout sauf linéaire, oscille entre accord tacite et tension palpable. Dans certaines sociétés, la culture sert de point d’ancrage, rassemblant les élèves autour de repères solides, tout en transmettant un héritage. Mais elle peut aussi devenir un levier d’homogénéisation, de pression ou d’oubli des différences. L’Histoire l’a démontré avec force : la Russie soviétique autant que l’Italie fasciste ont instrumentalisé la culture pour uniformiser, effacer, soumettre. Dans ces cas-là, la diversité culturelle se transforme en terrain de lutte et parfois d’exclusion.

La communauté éducative évolue dans ce champ de forces contradictoires : familles, enseignants, institutions et élèves projettent chacun leur conception de la réussite et du vivre-ensemble. Aujourd’hui, l’OCDE élargit la panoplie des compétences à la capacité d’agir dans un univers varié, multiple, et mouvant. À travers l’éducation, chaque société expose ses choix, jongle avec ses tensions, ajuste ou bouscule ses propres critères et valeurs.

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Pour mieux saisir la rencontre entre culture et éducation, il faut garder en tête certains repères clés :

  • Culture : La matrice, celle qui engendre les images mentales et les usages pédagogiques.
  • Éducation : Transmission, parfois émancipation, parfois alignement avec un modèle dominant.
  • Diversité : Un défi continu, mais aussi une richesse à exploiter pour les politiques éducatives.

Quels mécanismes culturels façonnent réellement les pratiques éducatives ?

La transmission culturelle s’incarne à la maison comme à l’école. Au sein du foyer, ce sont les histoires, les gestes quotidiens, les valeurs qui s’infusent lentement, ancrant la culture familiale. À l’école, c’est une autre logique qui prévaut, portée par une culture scolaire parfois conçue comme universelle, mais rarement vécue de manière identique par tous. Entre ces deux pôles, la jonction ne s’effectue pas toujours sans frottements. Les enseignants sont porteurs d’un langage, de méthodes et de références distinctes, bien souvent éloignées du quotidien familial.

De ces écarts surgissent les tensions : attentes éloignées, divergences de priorités, visions opposées du savoir ou de la réussite. Prenons le cas français : l’école donne la primauté à l’écrit, à la discussion argumentée, à la remise en question. Ailleurs, l’oralité, le respect de l’autorité ou la solidarité familiale peuvent occuper le premier plan. Valider certains comportements ou raisonnements plutôt que d’autres, c’est aussi définir ce qui a valeur et ce qui n’en a pas, qui s’inscrit dans le groupe ou en reste à la marge.

À cette réalité s’ajoutent des phénomènes plus sournois, parfois inconscients, comme l’ethnocentrisme. Quand l’école met de côté ou passe sous silence certaines références culturelles, elle prolonge des inégalités invisibles. L’histoire fourmille d’exemples frappants : à l’époque fasciste italienne, l’art devient outil d’obéissance ; en URSS, la culture modèle la pensée collective ; plus récemment, la destruction du patrimoine à Palmyre a rappelé la fragilité de la diversité culturelle. La culture prend ainsi la main sur les pratiques éducatives, tantôt ressource, tantôt prétexte à domination.

Exemples concrets : diversité des approches pédagogiques à travers le monde

Regardons de près comment la culture façonne le quotidien des élèves, selon les pays et les méthodes choisies.

Au Canada, le Conservatoire royal, via le programme « Apprendre par les arts », démontre combien l’intégration de la création artistique dynamise la motivation, l’engagement et les apprentissages. Musique, théâtre, arts visuels, danse deviennent des moteurs puissants de créativité, de pensée critique et renforcent le lien social au sein des classes.

En Australie, c’est la collaboration entre artistes et enseignants qui change la donne avec le « Song Room Programme ». Ce croisement entre univers artistiques et pédagogiques permet de développer la communication, l’esprit d’équipe, la flexibilité des élèves. Les études menées sur ces pratiques l’attestent : la participation régulière aux activités artistiques a un impact concret sur la réussite scolaire et l’envie d’apprendre.

Aux États-Unis, les recherches menées dans le cadre du projet « Project Zero » à Harvard s’intéressent à la portée de l’éducation artistique sur la cognition et la réussite scolaire. Les données recueillies révèlent que la musique enrichit la maîtrise de la langue, alors que ses retombées en mathématiques varient considérablement d’un contexte à l’autre.

Ces initiatives ne cachent pas une réalité persistante : la reconnaissance des arts n’a rien d’un acquis universel. Si l’OCDE met de plus en plus l’accent sur les compétences transversales, beaucoup de systèmes éducatifs continuent de réserver la meilleure part aux disciplines scientifiques et techniques, reléguant le champ artistique au second plan.

culture éducative

Réfléchir aux enjeux actuels : vers une éducation plus inclusive et respectueuse des identités culturelles

Un virage s’opère avec la création du PECA (Parcours d’éducation culturelle et artistique) dans la Fédération Wallonie-Bruxelles. Pensé d’après l’avis du Groupe Central et intégré au Pacte pour un enseignement d’excellence, le dispositif veut garantir à chaque élève, quel que soit son profil, un accès concret et régulier à l’expérience culturelle et artistique, tout au long de sa scolarité. L’intention ? Associer inclusion et respect des identités dans des classes toujours plus métissées.

La dynamique mise en branle par l’Alliance Culture-École soutient cette ambition. Les écoles bâtissent de nouveaux partenariats, multiplient les ateliers, accueillent les artistes et ouvrent le champ des possibles. Cette effervescence traduit une prise de conscience : la culture s’inscrit désormais parmi les piliers de l’école, et non plus comme accessoire. S’engager dans cette voie, c’est croire que la réussite, l’émancipation et la cohésion se jouent d’abord là.

Le chemin, cependant, reste jalonné d’obstacles. Même si les démarches comme le PECA visent à mieux représenter les arts et la diversité culturelle, les évolutions se font prudentes. Les pratiques avancent lentement, les mentalités évoluent à petits pas. S’ouvrir à l’autre oblige à revisiter les référentiels, à remettre en question les repères installés et à reconnaître la richesse des références multiples. Tout l’enjeu : s’extraire des modèles stéréotypés sans renoncer à une vision partagée du vivre-ensemble.

Au croisement des chemins, l’école du XXIe siècle vacille entre l’appel des singularités et la tentation de l’uniformisation. Culture et éducation s’entrelacent, s’influencent, se réinventent. La question brûlante demeure : jusqu’où les sociétés accepteront-elles de déplacer leurs frontières pour accueillir d’autres manières d’apprendre, de transmettre et de créer du lien ?

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